438                          JOURNAL DE HERRI III.
loger le lendemain, qui étoit le dimanche de quasi­modo, aux fauxbourgs Saint-Martin ct Saint-Denys. Mais il ne sçavoit rien des cuirasses. Après ces propos il se retira, et Le Gere incontinent après, que j'accom­pagnai jusques à son logis, il me voulut faire sou­per; et m'en étant excusé, me fit promettre de l'aller voir le lendemain de grand matin.
Ce que je fis; et ne l'ayant trouvé chez lui, je fus au petit Saint-Antoine, il oyoit la messe. Il me dit que tout étoit découvert, et qu'il y avoit quelque traître qui avoit tout décelé; qu'il n'en pouvoit soupçonner que Le Comte, lequel avoit refusé les clefs de la porte Saint-Martin; qu'il s'en alloit au conseil, au logis de La Chapelle, aviser ce quils auroient à faire, et qu'il me prioit le vouloir venir voir après dîner. Ils furent au conseil depuis onze heures du matin jusques à trois heures après midy; de quoy j'avertis Sa Majesté, espè­rant que là elle les feroit prendre, comme elle pouvoit faire aisément, et l'eût fait si elle eût été bien conseillée. Toutesfois elle m'envoya dire que j'eusse à découvrir seulement ce qu'ils auroient arrêté en leur conseil : ce que je pourrois apprendre aisément du Clerc, et que je lui en donnasse promptement avis. Ce que je fis, attendant que Le Clerc fût sorti dudit lieu; et me pro­menant toujours là auprès, afin qu'au sortir il m'y trou­vât, et ses compagnons m'y vissent : car s'ils me voyoient par les ruës, proche ils s'étoient assemblez, ils croiroient que c'étoit pour eux, et m'en porteroient davantage d'amitié, pour ce qu'ils croiroient que je me rendrois sujet et affectionné à leur parti : ce qu'il falloit faire pour n'être decouvert.
Ledit Le Clerc donc étant sorti du conseil, comme
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